L’approche compétences : logique du développement professionnel par la valorisation de l’apprentissage en situation de travail

Depuis la loi du 5 septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel, l’écosystème de la formation professionnelle gravite autour des compétences et de ce qu’on appelle « l’approche compétences ».  Cette direction prise par les différentes instances depuis maintenant 5 ans met en tête de proue l’acquisition de compétences au sein de la formation professionnelle et du milieu universitaire. Ce passage d’une logique d’enseignement à une logique d’apprentissage centrée sur les compétences témoigne des changements importants qui s’opèrent dans les domaines du recrutement, de la fidélisation des salariés, de l’enseignement et plus globalement autour du principe de l’apprentissage tout au long de la vie. Mais alors, qu’est-ce que l’approche compétences et pourquoi prend-t-elle autant d’importance dans la pédagogie d’aujourd’hui ?

Les compétences

Pour bien comprendre ce qu’est l’approche compétences, il est important de définir clairement ce qu’est une compétence. Malheureusement, ce n’est pas toujours tâche facile. Là où le Larousse défini simplement la compétence comme « Capacité reconnue en telle ou telle matière en raison de connaissances possédées et qui donne le droit d’en juger », le CNRTL (Conseil National de Ressources Textuelles et Lexicales) vient apporter une définition différente, plus proche de la réalité des compétences professionnelles telles qu’on l’entend : « Capacité que possède une personne de porter un jugement de valeur dans un domaine dont elle a une connaissance approfondie. ».

Cela dit, cette définition ne fait pas consensus non plus et le terme « compétence » est sujet à de nombreuses interprétations et remises en question (l’académie de Guadeloupe parle par exemple de « concept non stabilisé »). La définition aujourd’hui donnée dans le glossaire du RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles), se basant notamment sur les travaux de Jacques Tardif et Marc Romainville, est la suivante :

Une compétence se traduit par une capacité à combiner un ensemble de savoirs, savoir-faire et savoir-être en vue de réaliser une tâche ou une activité. Elle a toujours une finalité professionnelle. Le résultat de sa mise en œuvre est évaluable dans un contexte donné (compte tenu de l’autonomie, des ressources mises à disposition …).

L’approche programme

Avant l’arrivée dans les débats de l’approche compétences, l’axe pédagogique en vogue, notamment au sein des universités, était l’approche programme. Encore très utilisée, l’approche programme pose les prémices de l’approche compétences : apporter de la cohérence, de la pertinence et une organisation commune aux différents modules d’un parcours de formation. Ce concept repose donc sur la conception d’un parcours pédagogique à partir d’une finalité définie en amont et de manière commune entre les différentes enseignements, le tout pour favoriser la transversalité des acquis et créer des liens clairs et explicites entre les modules.

« Dans l’approche-programme, l’ensemble des cours du programme repose sur un « projet de formation » (lignes directrices, principes et applications) élaboré et poursuivi de manière collective et longitudinale par le corps professoral (professeurs et chargés de cours) et les leaders responsables de l’enseignement, dans un esprit de collaboration et collégialité. Personne ne s’y sent vraiment propriétaire d’un cours, mais tous collaborent, dans les cours qui leur sont confiés, à la réussite de l’ensemble du programme d’études et cela, dans une organisation et sous la direction de personnes qui favorisent la transparence, l’interaction entre les cours et les professeurs, la rétroaction et l’amélioration régulière des divers éléments du programme d’études offert aux étudiants. »

Prégent Bernard et Kozanitis Anastassis (2009), « Enseigner à l’université dans une approche programme »

Facilitant les échanges et la coopération du côté des intervenants et créant une continuité pédagogique pour les apprenants, cette méthode reste cependant majoritairement adaptée aux formations longues telles que les parcours de formation initiale au sein des universités et permet peu de découpage puisque chaque parcours est d’abord pensé comme un tout.

L’approche compétences

Tout comme l’approche programme, l’approche compétences en formation se base sur la finalité de l’action, sur l’objectif à atteindre pour construire le parcours pédagogique. La différence majeure réside dans la définition dudit objectif, qui, dans ce second cas, se traduit par la construction d’un référentiel de compétences. Les compétences visées constituent le point de départ dans la conception et le développement d’un curriculum, scénario ou activité pédagogique.

Ce changement de prisme permet alors de découper un parcours en « bloc compétences », comprenant plusieurs compétences ayant des attributs communs, afin de structurer la progression pédagogique autour de thématiques spécifiques ou transverses. Cela permet également d’anticiper les niveaux attendus et les moyens d’évaluation à mettre en place.

Cette approche apporte une visibilité plus claire et plus concrète aux apprenants quant aux résultats espérés à l’issue de la formation. Le bénéficiaire de l’action pourra ainsi mieux cibler les formations répondant à son besoin, et même venir travailler des compétences complémentaires qui seraient incluses dans le bloc compétences. Dans d’autres cas, le découpage en blocs compétences contribuera à créer des parcours plus spécifiques en ne sollicitant que les parties essentielles du parcours de formation.

L’identification préalable des compétences ciblées par les apprenants ou par leur entreprise devient alors un enjeu majeur dans la construction du plan de développement des compétences afin de gagner en efficience et en pertinence au travers des formations retenues.

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